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Alors qu'elle courait aussi vite qu'elle pouvait, Eva, car s'est ainsi qu'elle s'appelle, le regardait. Mais qui était donc ce garçon ? Il semblait s'amuser de la situation, la transformait en un jeu - que lui seul comprenait, soyons honnêtes - alors qu'elle, elle avait le cœur en panique et les jambes flageolantes.

Dès qu'elle l'avait vu, avec sa clope et son trop plein de confiance en lui, il l'avait agacée. A la manière dont il l'avait regardée à son arrivée, elle en avait conclu qu'il était exactement comme les autres, et était terriblement pressée de se débarrasser de lui. Tout ce qu'elle voulait, c'était son sachet de cocaïne, et allez oublier son existence entre deux poubelles.

 Pourtant, ses réactions puériles l'auraient faite mourir de rire, dans son ancienne vie, tant il lui rappelait son frère, et ses singeries. Son cœur se serra. Il était parti faire des études de médecine, à Paris, et laissée seule ici. Mais pour rien au monde elle ne l'appellerai pour lui demander de revenir et ainsi briser ses rêves. Etre un fardeau ? Non, merci !

Aujourd'hui  elle ne pourra pas se défoncer pour oublier sa solitude, mais cet étrange blond légèrement siphonné lui rendait le cœur un peu plus léger ce soir. Mais pourquoi l'aidait-il à s'échapper aussi ?

Ici, c'était la loi de la jungle, et n'importe quel autre homme ce serait contenté de sauver sa peau, et uniquement sa peau.

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Tenant toujours sa main dans la sienne, il ralentit sa course, et tendit l'oreille. Mais aucun bruit n'était audible aux alentours, mis à part la respiration haletante de la brunette. « Etrange...» pensa-t-il. Ils n'avaient effectivement pas courut longtemps, et il était intrigué par le fait que ce policier, qu'il avait déjà croisé et dont il connaissait la détermination, puisse déjà avoir laissé tomber. Mais en repensant à son air médusé lorsqu'ils avaient décampé, il entama un rire obscure, voire carrément flippant, qu'il accompagna d'étranges haussements d'épaules.

Soudain, la jeune fille arracha sa main de la sienne, ce qui coupa net son hilarité. Il se retourna vers elle, surpris. Ce qu'il vit aurait pu lui serrer le cœur, mais Jillian avait l'habitude de croiser des personnes totalement désespérées lorsqu'il dealait. Que pouvait-il faire ? Rien, absolument rien, et cela l'agaçait souvent. 

Il avait choisit cette vie pour se libérer de toutes contraintes, mais on ne se refait malheureusement pas, et il gardera toujours son grand cœur, qu'il tente ardemment de masquer...

Des larmes perlaient à ses yeux, qu'elle essuya d'un coup sec. Tentant de maîtriser sa respiration et ses tremblements, elle ferma les yeux, avant de dépasser Jillian en le bousculant légèrement.

- Je rentre chez moi. Déclara-t-elle, d'un ton froid.

Elle fit à peine trois pas avant de se retourner vers lui, pour lui souffler un « Merci... » à peine audible, d'une voix enfantine.

Et devant la reconnaissance qui brillait dans son regard, Jillian aurait pu la prendre de ses bras et essayer de la rassurer, mais elle était déjà loin.

Il avait lui aussi repris sa route, allant retrouver ses amis il ne savait trop où, et en sortant de la ruelle, une voiture de police apparut, une silhouette familière à l'arrière. Elle le dépassa, ses passagers ne le remarquant pas tandis qu'il la suivait du regard, adossé contre un mur et les bras croisés.

- Il t'aidera sûrement mieux que moi. Souffla-t-il, presque soulagé. Il savait que le commissaire essaierait de l'aider à s'en sortir, ce type étant bien trop altruiste pour laisser une adolescente retourner dans cet endroit sans rien faire.

Continuant son chemin, il ralluma une clope. En tirant la première bouffée, il lâcha un soupir de contentement. Il se faisait tard, le froid devenant mordant, et il décida de rentrer dans son appartement situé pas très loin d'ici, qui avait un peu tourné au squat depuis que ses amis s'y rendaient à chaque temps libre.

Il réprima un frisson à la vue d'une rouquine qui marchait le long de la route, en uniforme scolaire, et qui semblait avoir la tête bien trop ailleurs pour se soucier du froid qu'il faisait.

Lui qui pensait avoir mérité un peu de repos, il la vit s'engouffrer sans vraiment regarder dans les ruelles d'où il venait à peine de sortir.

-  Non mais on me prend vraiment pour un babouin d'eau douce, là. Ronchonna-t-il, exaspéré par toutes ses filles qui ne peuvent décidemment pas faire un peu attention, tout en se rendant d'un pas pressé vers l'endroit où il l'avait perdue de vue quelques instants plus tôt.

-> Avril Lavigne - I'm with you <-

~*~

Emily marchait depuis des heures. Elle sentait ce froid la dévorer, la faim la tenailler, et sa fatigue s'intensifier, mais elle n'y faisait pas vraiment attention. A cet instant, il y avait seulement  deux choses dont elle avait parfaitement conscience.

La première ? Elle était totalement perdue.

Elle avait traversé de nombreux endroits qu'elle ne connaissait pas, sans vraiment les regarder cependant, et elle serait bien incapable de dire comment elle était arrivée dans ce quartier. Il fallait avouer que le sens de l'orientation n'avait jamais été son fort...

Ces murs menaçants souvent recouverts de graffitis, les poubelles renversées et ce silence oppressant ne lui rappelaient décidemment rien. Elle devrait sûrement s'en inquiéter, peut-être même prendre ses jambes à son cou, mais son cœur était bien trop lourd ce soir pour qu'elle s'en soucie.

La deuxième chose dont elle était sûre était qu'elle ne pouvait en aucun cas rentrer chez elle.

Cela vaudrait mieux pour tout le monde, sa décision était prise, et elle ne se dégonflerait certainement pas devant ce "léger " problème.

 Elle n'avait rien sur elle : ni argent, à part quelques pièces trainant au fond de sa poche, ni vêtements, pas même son téléphone portable.  Mais par-dessus tout, elle n'avait nulle part où aller...